Une sélection parmi le patrimoine arboré et les plus beaux arbres du département, présentée par essence et par commune, avec des indications concernant l'écologie des arbres, leur histoire et les relations qu'ils nouent avec l'homme.

Introduction aux arbres remarquables


Les arbres remarquables du Vaucluse


Introduction

L’arbre tient une position particulière dans le monde végétal, en raison de sa stature et de sa durabilité qui lui confèrent bien souvent un caractère de repère dans l'espace et dans le temps. De ce fait, les arbres sont souvent dédaignés et peu observés par les botanistes, qui lui préfèrent souvent lors de leurs prospections les plantes annuelles ou vivaces. Aussi, ce sont souvent des non-spécialistes, des professionnels de la forêt ou de simples amoureux de la nature qui ont la connaissance des arbres.
La prise en compte du concept d'arbre remarquable dans les départements méditerranéens français est un phénomène très récent, et il faut souligner la quasi-absence de données disponibles avant les années 2000. La présente étude ne se veut pas un guide botanique des arbres vauclusiens, mais une présentation des sujets remarquables du département, réalisée à partir des données d'inventaires recueillies ces dernières années.
Les arbres considérés comme remarquables se distinguent de leurs congénères ordinaires par des caractères physiques (taille et dimensions exceptionnelles, grand âge, forme insolite, essence rare, etc), ou bien historiques et paysagers (association à un bâti traditionnel, marqueurs paysagers), le caractère remarquable pouvant être attribué à un individu ou bien à un groupe d’arbres.
L'arbre en tant qu'individu isolé sera d'autant plus perçu comme remarquable qu'il sera impressionnant, âgé, majestueux ou solennel et qu'il aura attiré l'attention du visiteur. À la différence d'un monument, un arbre imposant conserve pendant toute sa vie son caractère évolutif d'être vivant qui aura traversé les siècles et les générations humaines en les accompagnant. Dans certains cas, les vieux arbres peuvent ainsi être considérés comme des vestiges vivants de périodes historiques révolues, qu'ils rappellent par leur présence à la société actuelle.
Enfin, le côté émotionnel qui est lié à la découverte ou à la simple présence familière d'un arbre remarquable explique souvent en partie le fait que celui-ci aura été au fil des années protégé et respecté par la population avoisinante, qui aura reconnu en lui un témoin ou un repère de leur histoire.
Chaque espèce d'arbre présente ses vétérans. Certains pourront selon leur essence se distinguer par leur tronc énorme, d'autres par une taille élancée et dominante ou bien par des formes curieuses liées à leur développement naturel ou aux actions de l'homme.
La distinction de la remarquabilité est délicate, car elle cumule aux éléments subjectifs de la personne qui les étudie la rigueur scientifique propre à toute étude d'inventaire. La mise en place récente d'une méthodologie pragmatique de recueil des données et de hiérarchisation apporte cependant un élément de crédibilité supplémentaire aux récentes études concernant ce sujet.

Arbres remarquables, Provence, Fontaine-de-Vaucluse
Groupe de platanes à Fontaine-de-Vaucluse

La notion de remarquabilité

 

Méthodologie


Les critères de remarquabilité

Au-delà des aspects affectifs et subjectifs liés à la première impression laissée au visiteur par un bel arbre, des critères de remarquabilité plus facilement mesurables ont pu être dégagés lors des études d'inventaires réalisées en Provence. D'une façon générale, ces principaux critères sont de plusieurs natures :
La taille et l'âge : un arbre peut être jugé remarquable pour son essence du fait de sa taille et de son âge exceptionnels.
La rareté  de son essence, s'il s'agit d'une espèce rarement rencontrée dans la zone d'étude.
Les groupements remarquables : un ensemble d'arbres pourra être considéré comme remarquable. Ce critère concerne notamment certains boisements et alignements âgés, composés d'arbres de plus de 100 ans et présentant un intérêt esthétique particulier.
L'intérêt paysager : Un arbre ou un ensemble d'arbres associé à un paysage naturel ou artificiel peut présenter un intérêt esthétique ou patrimonial. Il en est de même s'il forme une association intéressante avec un bâti ou une construction historique ou typique de l'architecture locale. Dans ces cas, c'est l'association du végétal et d'un autre élément paysager qui est parfois considérée comme remarquable et peut revêtir plusieurs aspects :
- L'association d'éléments ligneux de développement inhabituel à un site naturel exceptionnel : ce cas se rencontre fréquemment en Vaucluse, notamment dans les milieux naturels reculés, comme les gorges rocheuses encaissées de puissantes falaises. Ce type de site abrite en effet souvent des éléments arbustifs de taille exceptionnelle, comme les vieux buis et les genévriers de Phénicie.
- Les arbres marqueurs du paysage, qui se découpent de loin dans le paysage et servent de repères.
- Les arbres associés à des éléments architecturaux historiques ou typiques.
- Les arbres historiques, qui peuvent être associés à une période historique mémorable ou à des évènements particuliers.

Ces différents critères peuvent se cumuler pour renforcer le caractère remarquable d'un arbre ou d'un groupe arboré. Ainsi, un arbre qui ne paraît pas très exceptionnel en tant qu’individu peut être pris en compte lorsqu’il présente un fort caractère de marqueur paysager, ou bien si c'est son association avec une construction ou des éléments du patrimoine bâti qui le rend remarquable.


L'évaluation de la remarquabilité sur la base de la circonférence

Les dimensions d'un arbre, lorsqu'elles sont exceptionnelles, déterminent souvent son caractère remarquable.
La majeure partie des arbres remarquables vauclusiens a un caractère d'individus, soit sous la forme d'arbres isolés, soit en étant des sujets de grande taille dispersés dans des ensembles arborés composés d'arbres beaucoup plus jeunes. Le travail d'étalonnage mis en place il y a plusieurs années par la DIREN PACA avec l'appui technique de l'association EPI a été utilisé et adapté lors des études d'inventaires menées en Vaucluse. Cet étalonnage basé sur un croisement de données bibliographiques et de constats de terrain permet, essence par essence, de définir l'intervalle à l’intérieur duquel un arbre peut être considéré comme remarquable.
Lors de cette démarche, le critère de circonférence du tronc a été retenu en premier lieu comme indicateur de remarquabilité. En effet, bien plus que la hauteur de l'arbre, la circonférence du tronc traduit de la façon la plus immédiate l'âge d'un arbre, ainsi que les limites biologiques de sa croissance, imposée par son espèce. De plus, ce critère permet une comparaison aisée dans le temps lors de mesures successives du même sujet, ainsi que la comparaison d'arbres de la même essence entre eux, indépendamment des aléas de croissance susceptibles d'affecter  un arbre, comme les aléas climatiques (tempêtes, foudre, etc) ou les actions humaines (coupes, élagages, etc). Le critère de circonférence est donc l'un des premiers à considérer lors de la hiérarchisation des arbres remarquables.


La circonférence du tronc se mesure à la hauteur de 1,30 m, en suivant un plan perpendiculaire à l'axe du tronc.

En fonction de l'état actuel de la connaissance, voici quelques exemples de valeurs de circonférence minimale retenues en Vaucluse pour l'évaluation de la remarquabilité (lorsqu’elle est différente, la valeur retenue à l'échelle de la région PACA apparaît entre parenthèses):
- Arbousier : 1 m
- Cèdre : 3,50 m
- Chêne pubescent : 4 m
- Chêne vert : 3 m (3,50 m)
- Marronnier : 3 m
- Micocoulier : 3 m
- Mûrier blanc : 3,50 m
- Olivier : 3 m (4 m)
- Peuplier noir : 4 m
- Peuplier blanc : 4 m
- Pin d'Alep : 3 m
- Pin pignon : 3 m
- Platane : 5 m (6 m)
- Poirier à feuilles d’amandier : 2 m
- Poirier domestique : 3 m
- Sapin pectiné : 3 m
- Sophora : 3 m
- Sorbier domestique, cormier : 2 m
- Tilleuls : 3,50 m

Dans certains cas, des individus légèrement en dessous de la circonférence limite proposée ont pu être intégrés dans l’inventaire, notamment lorsque ces arbres présentent d'autres critères intéressants de remarquabilité, telles une forme particulièrement curieuse ou une association paysagère intéressante.